Le 30 mars 2017 à l'EnCours

Courants de loques et de vents
Dans le verre
À l'endroit du soleil
Petite maladie des nuages

Au 56 rue de la Réunion, une maison de ville, comme on pourrait en voir dans bien des rues de province. Une discrète affichette y signale "l'Espace En Cours". On y pénètre par un étroit couloir qui débouche, après quelques pas, sur une courette ménagée au sein d'une maison de poupée. Quelques plantes, des pavés, un chat, une fillette et des jeunes mamans qui vont et viennent discrètement. Nous sommes hors du temps, loin de Paris, dans un grand calme, nous sommes bien. Henri Roger et Jean-Marc Foussat s'affairent dans une pièce qui a pu être un grand débarras, une buanderie, un atelier. Ils vont bientôt se lancer dans l'exercice particulier de l'improvisation totale. Ça n'a pas l'air d'inquiéter outre-mesure ces deux sorciers, qui achèvent de mettre en place le chaudron électronique dans lequel ils se proposent de nous mitonner, une heure durant, une de ces potions magiques dont ils ont le secret. Une fois le concert terminé, dans les sourires traduisant l'euphorie légère que procure ce genre de moments improbables, je me retrouve avec mon ami Henri. Il y a du monde aux quelques terrasses du quartier, mais les taverniers ne servent plus. Alors, nous nous dirigeons vers la place de la Nation, où nous trouverons un choix de brasseries. La douceur de l'air est celle d'une soirée estivale. Les tenues sont légères, les conversations feutrées, la circulation tranquille. Nous observons cette paix depuis une terrasse, une Leffe en main. Et nous n'avons pas besoin de beaucoup de mots pour ressentir le plaisir de retrouver un vieil ami, avec lequel on sait avoir tant de choses à partager ;)
© Laurent Poiget


Le 9 octobre 2015 au 99 rue du Ruisseau

Concert







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1 mars 2016

Jean-Marc Foussat & Henri Roger – « Géographies des transitoires »

Topographies des territoires sonores # 2

jm-foussat-henri-roger

Facing You/IMR – Musea

Par Dom Imonk

Chronique parue le 01 mars 2016 dans la Gazette Bleue N°15 • Mars 2016

Une force irrésistible pousse Jean-Marc Foussat et Henri Roger vers l’invention sonore. “L’amateur d’aubes”, très beau texte de Paul Nougé, insiste sur l’unicité de chaque aube, et c’est un lever musical, fait de notes nouvelles, qui a du éclairer le duo, pour dessiner ces « Géographies des transitoires ». Nos deux hommes ont chacun de riches discographies, traversées de cette soif de neuf, animée d’une envie d’incongru, qu’on retrouve parfois, dans le choix de titres surréalistes. Le dispositif électro-acoustique de Jean-Marc Foussat est le complice idéal du piano d’Henri Roger, pour créer un opéra d’apocalypse en trois actes, dédié à une planète (la nôtre ?). « Le Nord & le Sud », inquiétant et obsédant, instaure un rythme industriel, sorte de machinerie d’état, au pouls d’horloge inéluctable. L’échec entre les deux pôles. Un piano triste délivre son verdict aux frêles oiseaux électroniques, en grand danger migratoire. « Le milieu » est d’une force imparable. Une messe aléatoire s’y dit, prêchant le destin tragique de l’Homme. Est-ce un autre « Empire du Milieu » ? Le Royaume du fatal ? Par moment, on détecte un peu de l’esprit d’un Luc Ferrari, d’un Marion Brown ou même d’un L‘Art Ensemble of Chicago. La Cité gronde. On entend des suppliques, des cris de grues, d’oiseaux et d’insectes en fuite. Des plaintes hurlées à l’infini, sortent de cathédrales en feu. Le piano, d’abord grave, répétitif et menaçant, intercède enfin, avec sérénité, en faveur de la vie, qui renait, susurrant un fragile final d’harmonica. L’album se referme sur « L’Est & l’Ouest », lui aussi chargé de sens. Un impressionnant raga de piano grave, formant un puissant drone qui enfle, aspirant tel un cyclone, voix et souffle électronique complexe. Ce disque est un vrai manifeste de paix, lumineux comme une aurore, écrit par deux poètes visionnaires.

jm.foussat.free.fr

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