Futura Experience 7

 


Futura Experience 2

© Geneviève Bauzée


Première partie
Introduction ; 1 ; 2 ; 3

Deuxième partie
1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5

 


Du Jazz à La Java...
Futura Expérience 1

Claude Bernard (saxophone alto), Sophia Domancich (piano), Jean-Marc Foussat (synthétiseur analogique), Dominique Lemerle (contrebasse), Christian Lété (batterie), Jean-François Pauvros guitare), Rasul Siddik (trompette)
+
invités : Michel Edelin (flûtes), Alexandra Grimal (saxophones), Leïla Martial (voix).

Une fois par mois, l’infatigable légendaire producteur, Gérard Terronès organise à Belleville, à La Java, des concerts de jazz d’esprit très libertaire. L’idée de créer le groupe Futura Expérience, sorte de big band « free » à composition variable, est née à la suite d’une discussion spontanée entre Gérard et le guitariste Jean-François Pauvros. Nous avions donc sur scène plusieurs générations de musiciens, d’horizons et d’expériences différentes, tous désireux de jouer ensemble.

Cette belle soirée était dédiée à des musiciens récemment disparus et notamment à Jef Gilson et à Sam Rivers. La première partie s’est déroulée en septet sans les invités. Sous la direction de Jean François Pauvros et l’influence du batteur Christian Lété, la musique de ce premier set est très free bop jouée sur des rythmes binaires. Les solos rageurs des cuivres avaient des parfums de jungle urbaine. Ce work in progress haut en couleur mélangeait dans un esprit fusionnel la spontanéité du free avec l’énergie du rock pour un résultat tout à fait jubilatoire.

Dans la seconde partie fit place au Big Band avec l’apport précieux des flûtes élégantes de Michel Edelin et surtout l’arrivée des espiègles benjamines de la troupe qui ne se sont pas privées de prendre le pouvoir et d’infléchir la musique vers des territoires beaucoup plus libres. L’apport d’une vocaliste pertinente dynamise l’ensemble sans le phagocyter. Alexandra Grimal, se permet des interventions très assurées notamment lors de solides « battles » avec les autres cuivres en particulier Claude Bernard, très en forme sur son alto sinueux. Nous vîmes naître à une superbe version de Lonely Woman, le tube d’Ornette Coleman et une autre plus inattendue du Temps des cerises. Belle idée d’avoir réuni ces agitateurs créateurs dans un lieu fort sympathique et très convivial pour perpétuer l’esprit du jazz libre !

Paul Jaillet

Prochain concert à La Java, 105 rue du Faubourg du Temple, 75010 Paris :
SWING ON THIS
avec Joe McPhee, Raymond et Bastien Boni

 

Compter par le menu un concert qui dit des choses sur la forme sans du tout expliciter le fond, non décidément ce n’est pas racontable. Oui mais, bon… après tout en tant que témoin assistant ayant assisté au déversement d’un son comme ça, d’un flot de musique de ce calibre dans un lieu improbable jusque là pas tellement fait pour ça, alors quoi, comme disait un ex patron d’une chaine de télé de service public, plutôt bon interviewer certes mais tellement réac et opportuniste « Osons ! » Oser une info inédite oui car une musique de ce gabarit dans les murs de Paris aujourd’hui, ou même pourquoi pas jusqu’au fond de la Navarre on en n’entend pas l’écho tous les jours ! « le projet est né entre Terrones et moi, deux envies conjuguées à une table de bistrot… » raconte Jean François Pauvros un tantinet rigolard. Fichtre ! Et puis à priori lorsque l’on examine le flyer jaune canari distribué en guise de présentation, quand on lit à la queue leu leu la litanie des noms, les Bernard, Pauvros, Lété, Siddik la première réaction vient instantanée, immédiate « Ouh là là, jazz ou pas, question génération représentée voilà du lourd pour la Sécu en points retraites ! » Constat sur le contenant, évidemment. Et côté contenu alors ? On subodore que tout ça pourrait bien rappeler la formule acide utilisée il y a quarante ans par le sieur Loupien le vachard, enfin époque sortie de Jazz Mag et entrée dans Libé, quand, la dent dure il qualifiait de tels paysages sonores tourmentés d’un vulgaire et définitif « Tututpouètpouèt »…
Voilà donc pour le postulat de départ, potentiellement ressenti par une partie du public vis-à-vis d’une telle soirée. Une autre, issue sans nul doute de la même génération disons plus optimiste-idéaliste, quinquas et sexas en majorité, une fois descendues les marches sombres découvre les mêmes musiciens positionnés dans une sorte de tube scénique. On les sent en réflexion du genre « Qu’est ce qu’il peut en sortir sinon des notes de nostalgie profonde ? » Et là, vlan la surprise : lorsque les instruments parlent, lorsque tous autant qu’ils sont ils brisent le silence pour laisser parler leurs instruments, travailler leurs outils, putain ! comme dirait Dujardin l'oscarisé imitant mon oncle de Bayonne, il se passe vraiment quelque chose d’inédit. Un truc pas commun monte au palais, innonde les papilles. De l’ordre du non soupçonnable jazzistiquement parlant. Un truc comme une AOC oubliée, retrouvée par miracle cachée, toute poussiéreuse, au fond d’une cave… Le bouquet de saveurs s’impose, filtrées une à une, réglisse, puis poivre, puis caramel et même une touche de gingembre. Alors bien bon, faut pas chercher l’ordre des surgissements. Pas plus qu’une hiérarchie dans la gradation des goûts, des saveurs, des couleurs même dans le produit explosant en bouche. Eclectique surement, oui. Electrique aussi de par les bouchons que font sauter successivement Pauvros, les coups du synthé dit analogique (le côté collector encore ?) de Foussat, les uppercuts de trompette voire les montées en tension calculées dans une alchimie savante de la part de Christian LétéSophia Domenchich elle, malgré une épaule en vrac, garde le liant, instille le duende comme une veille nécessaire, un sourire.
Et lorsque l’enfant parait… pardon pour le gimmick, mille excuses pour l’effet de facilité… reprenons le fil normal du récit… quand les deux jeunes femmes entrent soudain dans la danse, dans le tournis de la Java, tout de suite ça décoince, ça dérape, ça défrise. Quand Alexandra se glisse en ombre portée dans les stridences d’Albert Ayler ou plonge à gorge profonde dans le son gras façon shouter de Shepp, quand Leila voix toulousaine façon Krakatoa ou Gouffre de la Pierre St Martin fait sauter le couvercle pour mieux plonger ses doigts avec délectation dans le pot de tessiture, le big band dans tous ses états monte en flèche, frissonne, part en vrille. Et décolle vraiment ! Dans la salle des musiciens, en veille ou découverte, applaudissent fort (Simon Goubert, Adrian Amey…), des producteurs battent des mains ou sourient (Terronès, évidemment mais aussi Pussiau, plus en retenue) ou évoquent l’Arkestra de Sun Ra (Jean Paul Rodrigue), un jazz critique blogueur expert opine du menton, conquis content (Pierre de Chocqueuse), un musicologue très attentif tente visiblement d’analyser le phénomène à chaud (Alexandre Pierrepont)
Bref, underground mais devant témoins ravis le jazz retrouve deux heures durant un décor de friches plus des envies de défriche. Le public se régale. D’aucuns s’en étonnent, certains jurent avoir foulé un incroyable terrain de découverte, d’autres goûtent simplement à des crus qui, hier ou avant hier leur avaient procuré tant de plaisir.
Attention, comme dans la dégustation point ne faut abuser, ni prétendre à l’exceptionnel au premier coup de nez. Ni surtout sur qualifier afin de sur vendre. Une seule soirée de jazz à la Java jamais ne permettra de passer d’un big band au big bang. Simple moment de plaisir à propos d’un jazz d’un soir, laissé bien vivre en liberté.
Merci les gars, merci les filles.

Robert Latxague


À la pause, l'animal (jmf) annonçait qu'il allait lancer des piques de "mauvais goût" (comme pour me lancer un défi) et pourtant je n'ai rien entendu de tel
bridé dans l'intention ou tout simplement tu t'es adroitement décidé à jouer avec brio ?
difficile de briller dans cet exercice d'un big band
Sophia DOMANCICH a eu du mal à trouver une place, dommage
mon guitariste favori fut lui aussi méconnaissable dans cette entreprise inédite, ce rôle de metteur en scène ne devait finalement pas lui réussir

Rasul SIDDIK prouve une fois de plus ses qualités tout-terrain
J'ai trouvé Claude BERNARD plus intéressant en première partie qu'en seconde
mention spéciale à Michel EDELIN avec des interventions pertinentes et un très beau son de flûte
la vocaliste a dynamisé l'affaire en secondes noces
le contrebassiste nous gratifia de belles notes en deuxième rideau mais finalement pas grand chose à en retenir
LÉTÉ rien à dire, ni bon ni mauvais tout juste quelconque
Alexandra GRIMAL pas mal avec la réserve d'une présence un peu appuyée
J-M. FOUSSAT honorable, une touche inimitable, un son noyé dans la masse de sorte que son travail ne m'a pas point horripilé une once, un instant ( donc le bougre il est capable du bon, du bien, du meilleur ! )

mes compagnons de table pour d'eux d'entre eux ont apprécié la soirée
pour ma part, je n'attendais pas grand chose donc je ressors ni déçu ni enthousiaste, difficile d'y trouver complètement son compte mais ayant trouvé matière à déposer mes oreilles curieuses dans ce fatras musical sans fuir

cordialités renouvelées, assurées en attendant une révélation ( sans alléluia ! )

jjg