Raymond Boni's Fortuna 21 Octet Terronès - Suite Andalouse Blue Marge
Laure Donnat voix
RÉ-ÉDITION. Parue initialement en 2003, cette Suite andalouse se veut plus encore qu'un hommage, une sorte d'évocation subjective et poétique de l'univers de Gérard Terronès, figure légendaire et archétypale parmi les producteurs indépendants, qui le premier enregistra Raymond Boni en 1971 sur son label Futura. Ce qui d'emblée séduit, c'est la profonde singularité de l'instrumentation résolument hybride de cet orchestre de huit musiciens mêlant à une sorte de quintette à cordes atypique (deux guitares, une contrebasse, un violoncelie et un violon) resongeant la tradition tzigane au prisme de la free music, le chant lyrique et profondément bluesy de Joe McPhee au saxophone et à la trompette, l'exubérance théâtrale de la vocaliste Laure Donat, ainsi que le sens de la mise en scène cinématique de l'ingénieur du son Jean-Marc Foussat. Car ce disque peut s'entendre comme une manière de petit film musical expérimental, brouillant les frontières entre documentaire et fiction par le biais d'inserts sonores pris sur le vif distillant une poésie urbaine et nocturne très cinéphilique tout en offrant une sorte de structure dramatique subliminale à l'objet global. Si l'on peut parfois se montrer irrité par l'esthétique un rien datée de la chanteuse, trouver ici et là l'écriture pour cordes un peu limitée et approximative, dans l'ensemble la greffe prend et cette musique libre et savamment déambulatoire finit par engendrer une poésie du réel souvent fascinante. STÉPHANE OLIVIER
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